mercredi 23 mars 2016

Les Sauvages, de Mélanie Rutten, aux éditions MeMo


Il y a des jours où la littérature semble vaine, face à la violence physique. Face à la barbarie, à la cruauté, à la bêtise sans limite. Des jours où il nous semble que rien n'a plus de sens, si tout peut s'écrouler comme ça, simplement parce que ça ne plait pas à quelqu'un, à quelqu'un de déséquilibré qui ne tient pas à sa vie, et qui est prêt à la donner pour donner la mort. 
Je me demande, ou pas, où nos sociétés ont failli pour que l'on puisse préférer l'obscurité, la mort, la violence, à notre monde où le soleil brille haut, les oiseaux chantent et les gens savent sourire. Je parais sans doute naïve... La nature ne fait sans doute pas tout... Le bonheur n'est pas à portée de main pour tous... Mais, quand même. Et peut-être que la littérature n'est pas vaine, pas du tout, et que l'éducation des enfants au bonheur, je ne sais pas si ça fait partie des programmes scolaires, mais c'est peut-être le plus important? 

Et dans cette "éducation", dans cette ouverture au bonheur, à la liberté, aux possibles, on peut justement lire le très bel album, un peu mystérieux, de l'auteure belge Mélanie Rutten, Les Sauvages

C'est un drôle de livre et je ne suis pas sûre d'avoir tout compris, mais à vrai dire... pas besoin de le comprendre avec l'intellect pour le sentir résonner en nous. Et je ne l'ai pas encore lu à mes enfants, je l'ai trouvé hier, justement. 

Mais j'ai été saisie par cette histoire. Au milieu d'un paysage de marécages, deux ombres quittent leur maison en pyjama. C'est la nuit. Les ombres arrivent sur une île abandonnée, elles dansent, elles sautent dans la boue, elle s'éclaboussent. Puis a lieu la traversée, la traversée d'un tronc d'arbre mort, et de l'autre côté, les ombres arrivent dans une clairière où les attendent "les autres". Les autres sauvages: celui qui pensait toujours aux autres, celui qui veillait à dormir et manger, celui qui rêvait, celui qui s'occupait de grandir. Et là dans la clairière, cette nuit-là qui était leur nuit, tout était possible. On faisait une cabane, on faisait des expériences, on grandissait. On invite la peur pour l'apprivoiser. Jusqu'à l'arrivée du jour, et au rêve de partir vraiment. 

Dans ce livre dédiée "aux promesses de l'aube", les enfants font l'expérience de la nuit, celle où les "sauvages" apparaissent, qui se taisent à la lumière du jour. La nuit les identités peuvent s'échanger, on joue, on grandit en affrontant ses peurs. Les images reflètent ces hésitations, les ombres, les lumières, la bougie. La végétation s'entremêle. 

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